Installation Hybridation filaire, fil de pêche, crochet, 170x65x80cm
2022
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PROPOS
Corne d’Abondance Hermaphrodite a été conçue pour la biennale ORGANO 6 sur la thématique de «Couleurs augmentées» L’idée première est de prendre le contrepied de la thématique en travaillant le blanc. Le Blanc est la réunion de toutes les couleurs selon le spectre lumineux. L’idée de départ est de travailler la couleur par l’absence de couleurs visibles à l’œil nu. Faire taire la couleur pour la rendre de plus en plus criante, de plus en plus acide. La rendre visuellement «crissante». En apparence, Corne d’abondance hermaphrodite est une matrice blanche immaculée, traversée, surfacée d’un veinage fluorescent puis phosphorescent dont la progression est aléatoire. A l’image d’un surmaillage non visible à l’œil nu, il exprime sa quintessence chromatique comme pour dire sa progression dans l’ombre. Inattendue, imprévisible, elle se répand en boursouflures surfacielles révélées par la lumière noire. D’apparence séductrice, presque hypnotique, cette phosphorescence nous rend captifs. La couleur initialement fluo devient phosphorescente. Le blanc désormais violacé atteint lui aussi sa saturation maximale. L’idée est de pousser la force chromatique jusqu’à la tension, jusqu’au point de rupture. Dans le même temps il s’agit de rompre avec le naturel et de pousser à l’extrême l’articiel. Le matériaux même renforce cette idée de limite. En effet, les fibres fluo et phosphorescentes sont en matières acryliques. Les mailles sont difficiles à enchainer, le crochetage n’est pas souple, le crissement se laisse entendre. Le maillageslui aussi est contre nature.
La Lumière devient couleur, la couleur sature jusqu’à forcer le passage en existant dans l’obscurité. Invisible à l’œil nu, la couleur augmentée devient invasive, elle dit son artifice, elle dénonce son industrialité, elle vient combattre l’essence naturelle des fibres de coton de sa propre matrice. (cf.auto-immune) La lumière noire, rappelle la lampe de wood utilisées pour révéler les dermatoses et renvoie également à la vie nocturne, aux discothèques. Elle révèle une autre apparence, celle d’une nature altérée par son « artificialité » industrialisée. La lumière à ultraviolet pose le diagnostic sur un état actuel de l’infection progressivement et solidement installée dont souffre l’épiderme de notre société.
Ema EYGRETEAU